La liberté d’expression des supporters est-elle menacée par le ministre de l’Intérieur ?
Avant la rencontre de mercredi en Ligue des champions de l’UEFA contre l’Atletico Madrid, les ultras du Paris Saint-Germain ont déployé un grand tifo “Free Palestine” au Parc des Princes.
Le grand tifo, qui remplissait toute la tribune Auteuil, est apparu juste avant le coup d’envoi au Parc des Princes. Le club a immédiatement demandé à la sécurité d’intervenir et de le retirer. Sous le grand tifo se trouvait un message : «La guerre est sur le terrain mais la paix est dans le monde ». Les supporters présents sur le terrain n’ont pas signalé de chant accompagnant le déploiement du tifo.
Le PSG a réagi après le match, déclarant qu’il n’était pas au courant des projets de déploiement d’une telle banderole. “Le Parc des Princes est – et doit rester – un lieu de communion autour d’une passion partagée pour le football et nous nous opposons fermement à tout message de nature politique”, ont ajouté les champions de Ligue 1 en titre.
De même, la condamnation est venue – comme on pouvait s’y attendre – de Daniel Riolo. “Ça m’a fait chi**, ce n’est pas le moment … voir ça, franchement, ça m’a écoeuré,” a-t-il déclaré sur Afterfoot.
Le football, terrain de la politique
Au lendemain du déploiement du tifo en soutient à Gaza, le ministre de l’intérieur a souhaité s’entretinir avec le club. Bruno Retailleau a effectivement “demandé des comptes” au club et au FFF. “Je demande au Paris Saint-Germain de s’expliquer et aux clubs de veiller à ce que la politique ne vienne pas abîmer le sport.”
L’UEFA a décidé de ne pas donner suite, sans sanction pour le PSG. En effet, la banderole déployée ne peut pas être considérée comme “provocatrice ou insultante” selon un porte-parole de l’instance européenne. Si, selon l’UEFA, que le tifo n’avait rien de provocateur ou d’insultant, alors pourquoi le ministère de l’intérieur cherche-t-il à intervenir dans la ‘politique’ du football français?
Mickaël Correia, un écrivain bien connu sur l’histoire de la politique et du football en France a abordé le sujet sur twitter. “Les tribunes ont toujours été historiquement des lieux de revendications politiques (notamment en solidarité avec la Palestine),” a-t-il déclaré en réponse aux propos du ministre.
D’autres clubs en Espagne et en Italie ont protesté de la même façon contre le génocide en cours à Gaza. C’est le cas du club espagnol Real Sociedad, où les supporters a organisé un protest en arrivant dans la tribune avec des tenues entachées de sang. En Écosse, le Celtic Glasgow est bien connu pour son soutien à la Palestine, avec divers tifos et drapeaux brandis depuis de nombreuses années.
Il en va de même pour ceux qui encouragent la guerre d’Israël à Gaza et au Liban, et pas seulement dans les tribunes. Ce soir, des hooligans israéliens auraient participé à des bagarres contre des supporters néerlandais avant que l’Ajax ne joue contre le Maccabi Tel Aviv en Europa League.
Le stade de football (et dehors) a toujours été le théâtre de manifestations politiques de tous bords. Elle pose la question de savoir pourquoi il en va différemment lorsqu’il s’agit de la cause palestinienne.
La liberté d'expression des supporters est-elle menacée par le ministre de l'Intérieur ?
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