“Le football est en déclin” – les propos tranchants de Marcelo Bielsa

Marcelo Bielsa tire la sonnette d’alarme sur l’avenir du football.

En marge de la victoire de l’Uruguay face au Brésil, synonyme de qualification pour les demi-finales de la Copa América, Marcelo Bielsa, le sélectionneur de la Celeste, a offert une sortie médiatique tranchante et sans détour. À 68 ans, l’ancien entraîneur de l’Olympique de Marseille et de Leeds United a exprimé sa vive inquiétude quant à l’évolution actuelle du football mondial.

Lors de la conférence de presse organisée avant le match contre la Seleção, Bielsa n’a pas mâché ses mots : «Je suis certain que le football est dans un processus de déclin, c’est-à-dire que de plus en plus de gens regardent le football, mais qu’il devient de moins en moins attrayant parce que ce qui a fait de ce jeu le premier jeu au monde n’est pas privilégié». Bien que satisfait de la performance de ses joueurs après une victoire difficile contre le Brésil (0-0, 4-2 t.a.b), «El Loco» s’est montré critique vis-à-vis du football moderne, dénonçant notamment le poids croissant du business au détriment du plaisir du jeu.

Le football business sous le feu des critiques

Pour Marcelo Bielsa, le football est en train de perdre son essence. «Si vous laissez beaucoup de gens regarder le football, mais que vous ne protégez pas le plaisir de ce qu’ils regardent, cela favorise le business, car le business est que beaucoup de gens regardent le football», a-t-il déploré. Selon lui, la dimension commerciale prend le pas sur l’aspect ludique et culturel du sport, ce qui risque de compromettre son attrait à long terme.

La vidéo-assistance, un facteur aggravant ?

Bielsa a également pointé du doigt certaines décisions récentes prises par les instances dirigeantes, notamment l’introduction de l’arbitrage vidéo. «Pour moi, cela fait beaucoup de mal au football. Ce sport a une particularité : lorsqu’il devient complètement prévisible, il perd de son attrait», a-t-il affirmé. Il craint que l’aspect imprévisible et spontané du jeu soit sacrifié sur l’autel de la technologie, rendant le spectacle moins captivant pour les amateurs de football.

Une vision pessimiste pour l’avenir

Le sélectionneur uruguayen n’a pas hésité à prophétiser un avenir sombre pour le football si des changements ne sont pas opérés rapidement. «Au fur et à mesure que le temps passe, que de moins en moins de footballeurs valent la peine d’être vus et que le jeu produit est de moins en moins agréable, cette augmentation artificielle du nombre de spectateurs va être interrompue», a-t-il averti. Pour Bielsa, la pérennité du football passe par une révision profonde de ses priorités actuelles.

Une perte d’identité culturelle

Au-delà de la simple dimension sportive, Bielsa a rappelé que le football est une véritable expression culturelle et un puissant vecteur d’identification pour les peuples. «Le football, ce n’est pas cinq minutes d’action, c’est bien plus que cela. C’est une expression culturelle, une forme d’identification. Dites à un Uruguayen de regarder les moments forts de la Celeste… Il y en aura de plus en plus, mais cela n’a rien à voir avec l’essence qui a permis à une population de tomber amoureuse du signe d’identification le plus significatif qu’un peuple possède», a-t-il souligné. Pour lui, l’obsession actuelle pour la controverse et la détermination des responsabilités nuit à l’esprit même du jeu.

L’exode des talents sud-américains

Enfin, Bielsa a exprimé ses préoccupations concernant l’affaiblissement du football sud-américain, en grande partie dû à l’exode des talents locaux vers l’Europe. Cet exode, selon lui, contribue à appauvrir le niveau de jeu local et à éloigner les jeunes talents de leurs racines footballistiques.