Le journal L’Equipe est allé rencontrer Andrea Pirlo à New York, où il s’apprête à débuter une nouvelle saison de MLS. Il est notamment revenu sur sa carrière, sa vision du jeu, mais aussi sur la fin de sa génération et sur ses successeurs. Indice : il y’en a un au PSG.
Sur le changement générationnel
Avec l’arrêt de Gerrard et Lampard, son départ en MLS, et la fin proche de Totti et Buffon, ce sont les symboles de toute une génération qui disparaissent. Ceux qui ont été bercés aux premiers footballs managers et à PES 6 savent de quoi on parle.
Il vaut mieux arrêter quand tu le décides plutôt que quand les autres te le disent. Assurément, l’époque des joueurs nés dans les années 70 et 80 est en train de se terminer. Mais dans le foot, quand une époque s’achève, une nouvelle ère s’ouvre. Des jeunes grandissent, mais je suis vraiment désolé que beaucoup de joueurs de très haut niveau qui ont offert d’énormes émotions au monde du foot arrêtent leur carrière, ou l’ont fait ces dernières années. On a de l’affection pour cette époque. Pour nous, c’était la meilleure. Peut-être que l’on va vieillir et il y aura une autre génération meilleure et on parlera alors de celle-là…Quand j’ai commencé dans le monde pro, j’entrais dans le vestiaire et je ne me permettais pas de parler. Aujourd’hui, à vingt ans, ils parlent, et on leur donne la possibilité de s’exprimer. Peut-être que nous, les anciens, donnons trop de liberté aux jeunes pour parler…
Sur ses victoires et ses défaites
Pirlo a participé à quelques uns des matchs les plus épiques des années 2000, notamment la finale de la Coupe du Monde 2006 et la finale de Ligue des Champions 2005. Il revient sur ses émotions.
J’avais pleuré sur le terrain après la défaite avec le Milan contre Liverpool en 2005. Mais une fois au vestiaire, le plus triste de toute ma carrière, il y avait tellement de désillusion, d’amertume que je n’arrivais même plus à pleurer. Il régnait un climat surréaliste après un match surréaliste. Perdre de cette manière une finale est une chose quasi impossible à répéter. Je ne le souhaite à personne.
[Sur la demi-finale de Coupe du Monde contre l’Allemagne] Ce sont peut-être les minutes les plus belles de ma carrière. Des minutes fantastiques, interminables. Je croyais qu’entre les deux buts, un siècle s’était écoulé, or ça n’a duré qu’une minute ou deux ! C’était indescriptible. Se qualifier en finale d’un Mondial en jouant contre l’Allemagne chez elle, à Dortmund où elle n’avait jamais perdu… Et après, la finale… Une attente infinie. Quand tu entres sur le terrain le jour de la finale, tu vois le trophée de la Coupe du monde qui est là, près de toi, et tu ne sais pas si tu pourras le soulever. Et à la fin de la rencontre, tu réussis ou tu ne réussis même pas à réaliser que tu es devenu champion du monde.
Sur ses héritiers
Marco Verratti est évidemment son successeur désigné. D’ailleurs, les deux joueurs discutent régulièrement, Pirlo adoubant même le Hibou !
Verratti est un très grand joueur, il est et sera le futur du foot italien et européen pour les vingt prochaines années. Il est le meilleur joueur italien d’aujourd’hui et de demain. Nous avions un très bon rapport. On continue de se parler, de se voir. Quand on jouait avec la Nazionale, on était souvent dans la chambre de l’un ou de l’autre pour parler. Juste après le match contre le Barça, je l’ai félicité par SMS. Le soir même, il m’a dit que mon message était celui qu’il avait le plus apprécié. Alors, je lui ai répondu : « Maintenant, tu es devenu le numéro 1 parce que je suis en train de finir ma carrière.”
Sur le PSG
Interrogé au sujet de la victoire 4/0 de Paris contre Barcelone, il n’a pas caché son admiration pour le club de la capitale, et notamment ses joueurs au milieu de terrain. Adrien Rabiot notamment semble l’avoir conquis.
J’ai été impressionné par ce PSG et la force déployée par les trois milieux, Verratti, Rabiot et Matuidi qui ont livré un match extraordinaire. [A propos de Rabiot] J’ai vu un très grand joueur. Il m’avait déjà plu la saison passée, et même avant. Mais je ne l’avais pas vu jouer aussi bien, avec cette méchanceté, dans le bon sens du terme, cette lucidité… On dirait un joueur qui a une expérience de dix ans de haut niveau sur le terrain. Il aura sans aucun doute appris beaucoup de Thiago Motta.