Vue d’Europe, la Major League Soccer, le championnat nord-américain, est une destination tropicale dans laquelle se rendent les joueurs en fin de carrière souhaitant s’offrir une retraite dorée. Coup d’œil sur un championnat qui intéresse aujourd’hui les clubs européens.
Dans le cadre de la rédaction de cet article, nous avons eu l’opportunité de nous entretenir avec Arnaud Salas, journaliste spécialisé MLS*
Le championnat de soccer nord-américain a vu le jour en 1996. Il a directement attisé l’intérêt de ses suiveurs grâce à des signatures de renoms telles que le mexicain Hugo Sanchez (FC Dallas) ou le colombien Carlos Valderrama (Miami Fusion, Tampa Bay Mutiny ou Colorado Rapids).
Un mercato MLS – Europe en plein essor
Dans une logique formatrice, la Ligue a tout mis en oeuvre pour développer des jeunes joueurs de talent. Cette stratégie semble aujourd’hui porter ses fruits puisqu’on remarque en effet qu’un nombre croissant de jeunes espoirs ayant évolués en MLS débarquent sur le Vieux Continent.
La crise sanitaire aidant, les clubs européens sont de plus en plus amenés à scruter la perle rare dans les territoires outre-Atlantique. De fait, des joueurs tels qu’Alfonso Davies (Bayern Munich) ou Weston McKennie (Juventus Turin) explosent aux yeux du grand public. Selon les données fournies par Transfermarkt.fr, 46 joueurs en provenance de MLS ont signé un peu partout en Europe cette saison. Lors du mercato hivernal, 7 nouveaux joueurs ont donc débarqués dans nos championnats européens :
Joueur | Club |
---|---|
Brenden Aaronson – 20 ans | RB Salzburg (D1 autrichienne) |
Mark Mc Kenzie – 21 ans | KRC Genk (D1 belge) |
Jordan Morris – 26 ans | Swansea City (D2 anglaise) |
Paul Arriola – 25 ans | Swansea City (D2 anglaise) |
Bryan Reynolds – 19 ans | AS Roma (D1 italienne) |
Daryl Dike – 20 ans | FC Barnsley (D2 anglaise) |
Brian Rodriguez – 20 ans | UD Almeria (D2 espagnole) |
À quoi est due une telle éclosion de talents ?
Comme indiqué ci-dessus, de nombreux jeunes joueurs débarquent de MLS. Bien qu’initiée il y a plusieurs années, cette ascendance a en partie évolué grâce à Jurgen Klinsmann, sélectionneur des Etats-Unis entre 2011 et 2016, et à ses forts liens avec l’Allemagne. Comme nous l’explique Arnaud Salas, cette progression s’est encore accélérée lors du fiasco de l’équipe nationale des Etats-Unis lors des qualifications pour le Mondial 2018 qui se déroule en Russie. Pourtant qualifiée avant le dernier match de son groupe, la sélection nord-américaine avait été défaite, à la surprise générale, par Trinité-et-Tobago (1-2), propulsant ainsi le Panama au tour des barrages. C’était la première fois depuis 1986 que l’USMNT ne prenait pas part à la phase finale du tournoi mondial, une réelle désillusion.
À l’issue de cette déconvenue, le niveau d’exigence a été revu à la hausse, permettant ainsi une progression croissante des joueurs. De fait, de nombreux talents ont émergé et une prise de conscience générale a fleuri. Les joueurs américains ont intégré le fait que la compétitivité des championnats européens était nécessaire pour grandir et espérer rejoindre l’équipe nationale. Si on regarde d’un peu plus près ce flux de joueurs arrivant sur notre continent, on leur remarque une forte appétence à rejoindre l’Allemagne et la Bundesliga qui entretiennent des relations privilégiées avec les Etats-Unis. De plus, les facilités administratives du pays ont également permises l’export de ces joueurs.
Pourquoi la MLS attire-t-elle en Europe ?
À l’image d’Aphonso Davies, de Bryan Reynolds ou de Giovanni Reyna, le championnat nord-américain regorge de jeunes pépites. Dans un contexte de crise sanitaire affectant les finances des clubs et ainsi leurs enveloppes dédiées au mercato, l’alternative de recruter des joueurs qualitatifs à bas prix est privilégiée.
Si la MLS attise les convoitises dans le sens des arrivées, elle le fait également du coté des départs. Longtemps étiqueté comme un championnat de “pré-retraite” proposant des contrats en or, c’est aujourd’hui la qualité de vie qui attire. Arnaud Salas souligne ainsi que l’attractivité du championnat intéresse de plus en plus de joueurs et plus uniquement “les vieilles stars qui y signent pour terminer leur carrière”. Il indique également qu’à titre personnel et en toute neutralité, “la MLS est beaucoup plus spectaculaire que ne l’est la Ligue 1“. Si un travail tactique est nécessaire, le jeu tourné vers l’offensif facilite les “matchs à buts”.
Zlatan, Drogba, Henry, Beckham 🌟
Take a look back at some of the greats' first MLS goals. pic.twitter.com/qU1aRPLK3H
— Major League Soccer (@MLS) February 3, 2021
Tiré vers le haut par les jeunes talents sud-américains, les bons joueurs européens et les jeunes étasuniens formés dans les clubs, le championnat se développe et son niveau est en progression croissante.
Le développement du soccer aux Etats-Unis : une réelle surprise ?
Pas pour notre interlocuteur qui juge que “de plus en plus de bons joueurs se développent en MLS et se révèlent ainsi aux yeux de l’Europe”. Cela explique aussi pourquoi nombre de cadors européens gardent les yeux fixés sur ce championnat. Les nouveaux talents tels que Diego Rossi (22 ans, LAFC) ou Joe Scally (17 ans, NYCFC) se mélangent aux joueurs confirmés tels que Gonzalo Higuain et Blaise Matuidi (Inter Miami) ou Carlos Vela (LAFC).
Toujours avec pour objectif de rendre le championnat des plus compétitifs, les clubs procèdent désormais à de nombreux “prêts courts” dans les écuries européennes. Ces derniers possèdent de nombreux intérêts. En effet, les joueurs prêtés acquièrent de l’expérience et du temps de jeu ce qui leur permet une exposition certaine. Leur coût étant assez bas, ils sont de fait plébiscités par de nombreux clubs qui n’hésitent pas à intégrer une option d’achat dans leur contrat, sécurisant ainsi les joueurs si ils leur apportent satisfaction.
https://twitter.com/MLS_FRA/status/1356479167282438144?s=20
> Les transferts MLS vers/depuis L’Europe
Arnaud Salas précise cependant que cette tendance est à double-tranchant. En effet, si un joueur prêté ne convainc pas, il retrouve son club avec un gout d’inachevé qui peut lui porter préjudice. Cette méthode de “prêts courts” reste cependant un bon compromis pour toutes les parties qui s’y retrouvent généralement, tant sur le plan sportif que financier.
* Officiant en tant que community manager pour @MLS_FRA et rédacteur pour BeFoot ainsi que pour Derniers Défenseurs, il est également le créateur du premier magazine numérique 100% MLS en français “Magazine League Soccer”