La plupart des clubs ont repris l’entraînement, ou le feront dans la semaine. L’occasion de découvrir les recrues, et de ressouder l’effectif avant la nouvelle saison. Pourtant, certains clubs comme Lille ou Rennes cet été, séparent les joueurs entre l’effectif proprement dit, et un groupe d’indésirables s’entraînant à part : un loft.
Qu’est ce qu’un loft ?
Un loft est donc une mise à l’écart d’un ou plusieurs joueurs, pour une durée indéterminée. Ces joueurs n’ont plus de contacts professionnels avec le reste de l’effectif, et s’entraînent à part.
Dans une interview accordée à Foot Mercato, Julian Palmieri dévoile un peu du quotidien des lofteurs.
On nous a prévenus par SMS. L’intendant nous a envoyé un SMS la veille de la reprise normale pour nous expliquer que nous on reprenait le 3 juillet. Hier, il nous a expliqué la démarche à suivre pour le parking, les vestiaires, les affaires et tout le reste. C’est vrai que ça nous a fait, je ne vous le cache pas, rire et ça nous a fait bizarre ce matin quand on est arrivé. On est complètement à l’écart, on passe par une porte dérobée. On n’est pas sur les mêmes places de parkings, on n’est pas dans le même vestiaire, il n’y a pas nos numéros sur les affaires.
Généralement, c’est l’adjoint de l’entraîneur qui prend en main les exclus du groupe professionnel.
Pourquoi créer un loft ?
Les clubs mettent un loft en place pour deux types de raisons : financières et sportives.
Souvent, la situation contractuelle d’un joueur (qui refuse de prolonger par exemple), amène le club à vouloir s’en séparer.
Pour ce faire, il prive le joueur de sa participation au groupe professionnel, ce qui le pousse généralement à chercher un autre point de chute. C’est ce qu’expliquait Eric Di Meco au moment du loft de l’OM en 2014.
Avant le coach arrivait dans un club et il pouvait choisir ses joueurs. Maintenant l’entraîneur doit faire avec ce que le club propose et surtout avec les restrictions financières. Bielsa a bien expliqué sur le cas Valbuena, la direction lui a dit que financièrement il fallait le vendre. Il ne choisit pas. Ce n’est pas Bielsa qui a mis les joueurs dans le loft. Les joueurs ne peuvent pas pleurer, car, eux, quand ils veulent partir, ils boudent et ils sèchent l’entrainement. Les clubs font pareils, ils les mettent à l’écart pour les obliger à partir.
Outre cette situation contractuelle, que les entraîneurs peuvent parfois subir, de pures raisons sportives peuvent entrer en jeu.
C’est actuellement le cas à Lille, ou 7 joueurs n’entrent plus dans les plans de Bielsa : Marvin Martin, Nahim Sliti, Eder, Rio Mavuba, Vincent Enyeama, Marko Basa et Julian Palmieri.
Enfin, les deux raisons peuvent se rejoindre pour créer un loft. A Rennes, 8 joueurs ont été écartés du stage de préparation par Christian Gourcuff. Les Rouges et Noirs ont un effectif pléthorique qu’ils doivent dégraisser, et le coach a choisi de se séparer de ces joueurs.
Il s’agit de Giovanni Sio, Clément Chantôme, Mehdi Zeffane, Yacouba Sylla, Kermit Erasmus, Dimitri Cavaré, Anthony Ribelin et Wesley Saïd.
Quelques exemples
Si actuellement Rennes et Lille sont dans ce cas, d’autres clubs ont connu cette situation, relativement peu fréquente en France.
On se souvient du loft de l’OM en 2014, qui avait beaucoup fait parler. A l’époque, Sougou, Kadir et Amalfitano avaient été contraints de quitter la Canebière, quand Fanni et Cheyrou avaient été réintégrés.
Un an auparavant, Jean Michel Aulas avait tenté la même méthode avec Jimmy Briand et Bafétimbi Gomis, sans succès. Ces deux joueurs avaient même rendus de fiers services au club durant cette saison.
Enfin, certains joueurs de Saint Etienne sont toujours dans cette situation. Il s’agit de Dabo, Tannane et Roux. Mis à l’écart par Christophe Galtier, leur avenir n’est toujours pas clarifié.
Quels dangers pour le club ?
On s’en doute, cette situation n’est pas agréable pour le joueur, privé de son élément de travail et pouvant se sentir comme un pestiféré.
Les méthodes du club (annonce par sms, mise à l’écart complète, absence de contacts avec l’entraîneur…) peuvent être douteuses, et parfois être mal perçues à l’intérieur du groupe.
Pire, les joueurs résistants peuvent s’estimer injustement lésés et attaquer le club en justice.
Cela a été le cas à Saint Etienne en 2011, avec Sylvain Monsoreau, Bayal Sall et Boubacar Sanogo. Ecartés du groupe, ils avaient fait pencher la balance en leur faveur dans l’opinion grâce à une tribune dans L’Equipe, et ont finalement été gratifiés de près de 1 million d’euros de dommages et intérêts pour Sanogo et 180 000€ de rappel de salaire pour Monsoreau.
La création d’un loft peut donc permettre à l’effectif de repartir sur des bases saines, sans éléments indésirables, mais également se retourner contre le club qui le pratique. De plus, si le joueur ne trouve pas de point de chute, le club continuera à le rémunérer pendant la saison… à ne rien faire.